Beaucoup d'encre a coulé sur les raisons des déboires de l'équipe montréalaise. Manque de punch offensif et manque d'un défenseur gaucher sont les deux explications qui reviennent le plus souvent dans les articles des chroniqueurs sportifs. Laissez-moi y ajouter mon grain de sel...
Et si les déboires du Canadien s'expliquaient également par le manque de joueurs repêchés par l'équipe dans la formation?
Je tiens tout d'abord à préciser que je ne dis pas que les deux raisons plus haut n'expliquent pas les déboires de la formation, loin de là. Je veux argumenter une troisième raison expliquant les déboires du CH.
Quand on regarde la formation que les Blues ont présenté pour le match numéro 7 de la finale de la plus récente Coupe Stanley en 2019, sur les 19 joueurs, neuf ont été repêchés par les Blues. Deux autres joueurs avaient joué moins de 50 matchs dans la LNH avant d'avoir été acquis par les Blues et un autre, en l'occurrence Alexander Steen, était avec l'organisation depuis 10 ans. Leurs adversaires, les Bruins, avaient 11 joueurs qu'ils ont soit repêchés ou qu'ils sont allés chercher dans les rangs universitaires américains. De plus, deux autres joueurs repêchés par d'autres équipes étaient avec l'organisation depuis 10 ans ou plus.
En portant une attention aux joueurs en question, ce ne sont pas tous des joueurs de soutien. Chez les Blues, Vladimir Tarasenko, David Perron, Alex Pientrangelo, Colton Parayko et Jordan Binnington ont été des éléments clés de la conquête. Du côté bostonois, dans les deux premiers trios et paires défensives, 6 des 8 joueurs ont été élevés dans la culture des Bruins.
Un hasard que les deux formations finalistes de la Coupe Stanley aient autant de joueurs repêchés par leur équipe respective? Je ne crois pas.
C'est bien beau avoir les meilleurs joueurs possibles dans ta formation, il faut qu'il y ait une ligne directrice qui les unit pour traverser les épreuves et se rendre au bout. Les 31 équipes de la LNH ont toutes des mentalités et des façons de développer les joueurs différentes. Quand ton noyau de « leaders » est composé de joueurs ayant grandi dans la même mentalité, il est plus facile pour les autres joueurs provenant d'un peu partout de s'y intégrer et d'y adhérer. Au contraire, quand beaucoup de joueurs de ton alignement viennent d'ailleurs, il y a une certaine période d'ajustement qui se produit. De plus, quand le noyau grandit ensemble pendant plusieurs années, il y a des liens qui se créent qui peuvent permettre à l'équipe de traverser des périodes difficiles.
Je pense aux Canadiens quand j'écris ces lignes. Dans l'alignement que Claude Julien a présenté le 3 octobre dernier en Caroline, seulement cinq joueurs ont été repêchés par la formation. Outre Gallagher et Price, les joueurs clés n'ont pas grandi dans l'organisation montréalaise. Weber, Petry, Drouin, Domi, Danault, Tatar et Armia proviennent tous d'autres cieux, et pourtant, ce sont tous des joueurs clés dans l'alignement.
En comparaison, en 2017, la dernière fois que le CH a participé aux séries éliminatoires, les Canadiens avaient dans leur formation huit joueurs ayant grandi dans la culture de l'équipe et qui avaient, pour la majorité, un impact sur la formation. Plekanec, Galchenyuk, Gallagher, Pacioretty, Markov et Price avaient des rôles clés dans les plans de match de Michel Therrien et de Claude Julien.
Alors, les déboires du CH ne seraient-ils pas aussi liés à la transition amorcée par Marc Bergevin? À tous ces nouveaux visages? Je crois bien que oui.
Cependant, des joueurs meilleurs arrivent-ils? Une stabilité s'installe tranquillement chez le Canadien. Tatar, Danault et Gallagher sont là depuis un petit moment. Shea Weber a plusieurs années du système de Julien derrière la cravate. De plus, les jeunes joueurs poussent pour faire leur place.
Un beau mélange pourrait permettre aux Canadiens de revenir dans le portrait des séries et d'y rester pour un bon moment. En regardant les Bruins de Boston, grâce au noyau Chara, Krug, Bergeron et Marchand, ils n'ont pas raté les séries depuis 2016.
En suivant le modèle des deux plus récents finalistes de la Coupe Stanley, avec un noyau solide bâti par le repêchage ou des nombreuses années avec l'équipe, avec quelques vétérans acquis via transaction et quelques jeunes joueurs, une équipe peut aspirer aux grands honneurs.
Souhaitons cela à Claude Julien, à Marc Bergevin et à tous les partisans...