Critiqué plus souvent qu'à son tour, le Québécois n'a laissé personne indifférent.
On l'a traité de flop, on a dit de lui qu'il traînait dans les bars, on a dit que c'était une erreur de l'avoir repêché en première ronde (18e au total en 2009). Bref, dix ans plus tard, le jeune homme se confie à coeur ouvert.
C'est facile de répondre à des critiques ou de les ignorer, sachant très bien qu'il était sérieux dans ses efforts et combien de sacrifices sont nécessaires pour devenir un athlète, mais il y a une question qui tue: que s'est-il passé?
Du plus loin qu'il se rappelle, il a toujours été le meilleur de son équipe. Du hockey, il en mangeait. Lorsque l'entraînement était terminé, il continuait. Bref, il adorait son sport et il n'avait pas besoin de penser, simplement de jouer et avoir du plaisir.
C'est flatteur quand un idole de jeunesse comme Patrick Roy te contacte personnellement parce qu'il te veut dans son équipe. Mais pour Louis, l'université était trop importante et Harvard était la meilleure place pour lui.
En attente de commencer l'université, il décida donc d'aller jouer pour les Lancers d'Omaha, dans la USHL. Ça allait tellement bien qu'il était perçu comme un espoir top 10, tout juste derrière des gars comme Taylor Hall et Matt Duchene, pour ne nommer que ceux là.
Et puis, le jour décisif arriva. Celui où il fut repêché par le Canadien de Montréal, à Montréal, devant tous les partisans qui scandaient déjà «Louis, Louis, Louis».
Le Tricolore, alors dirigé par Bob Gainey et Pierre Gauthier, aurait bien aimé que Louis joue dans la LHJMQ pour prendre part à plus de matchs que dans la NCAA, mais sa décision était prise: c'est à Harvard qu'il allait jouer et étudier.
Avant même de jouer son premier match, ou même d'entrer dans sa première salle de classe, Leblanc ressentait une certaine pression de la part du Canadien.
Il évolua ensuite pour le Junior de Montréal, puis il commença sa carrière professionnelle l'année suivante avec les Bulldogs d'Hamilton. Rapidement, il additionna les points, tellement qu'il fut rappelé par le grand club.
Malgré un rôle plus effacé, il joua quand même 42 parties cette saison-là, mais ce n'était pas dans un contexte idéal.
C'est la fameuse saison où Jacques Martin a perdu son emploi au profit de Randy Conneyworth, pour qu'ensuite, à la fin de la campagne, Geoff Molson fasse le grand ménage dans le groupe d'entraîneurs et au deuxième étage.
Marc Bergevin arriva donc en poste et embaucha Sylvain Lefebvre pour diriger les Bulldogs. C'était l'année du lock out, donc Louis s'est présenté à Sherbrooke pour le camp d'entraînement du club-école, mais quelque chose clochait:
C'est alors que Louis a commencé à se remettre en question, à avoir moins d'énergie, à traîner de la patte comme on dit. Il n'avait jamais eu à vivre ça depuis ses premiers coups de patin:
Son contrat de trois ans avec le Canadien se termina et c'est sans grande surprise qu'il ne fut pas renouvelé. Louis a ensuite eu sa chance avec les Ducks et les Islanders, sans plus de succès.
Il se rendit même dans la KHL et ensuite en Europe, où il aurait pu faire carrière, mais il prit la décision de prendre sa retraite du hockey, n'ayant plus envie de retourner en Europe :
Aujourd'hui, Louis est entraîneur-adjoint avec l'équipe d'Harvard et il adore ça. Il terminera bientôt son Baccalauréat en finances et il se voit un jour devenir directeur général dans la LNH.
Il assure ne garder aucune frustration ou amertume envers le Canadien, même que Bergevin va parfois boire une bière avec lui lorsqu'il est de passage à Boston.
Merci pour ce touchant témoignage, Louis, et bonne chance dans tes projets futurs!