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Les anciens coéquipiers de Carey Price sont unanimes

PUBLICATION
Charles-Antoine Nicol
6 mars 2019  (12h48)
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En l'emportant au compte de 3 à 1 hier soir face aux Kings, Carey Price a réécrit l'histoire du Canadien de Montréal.

Lui qui a rejoint l'illustre Jacques Plante au premier rang des gardiens les plus victorieux dans l'existence de l'équipe, avec un 314e gain.

Atteindre une marque historique avec le Tricolore, c'est loin d'être banal, considérant que l'équipe est active depuis l'an 1909. Comment peut-on expliquer les succès du numéro 31 de la Sainte-Flanelle? Afin de répondre à cette question, LaPresse a rencontré six de ses anciens partenaires et tous semblent unanimes : Carey Price possède une grande qualité que peu de gens peuvent revendiquer.

Dans cet excellent texte de Guillaume Lefrançois que nous vous conseillons fortement d'y jeter un oeil, chacun des vieux coéquipiers de Carey font part de diverses anecdotes concernant Price et son calme légendaire. Voici donc, pour chacun d'entre eux, les bouts de souvenirs qu'ils ont généreusement accepté de partager à LaPresse.

Mike Condon

Le premier souvenir de Condon se passe dans le vestiaire du Tricolore lors des séries de 2014, lui qui était de passage avec l'équipe comme police d'assurance. Venant de subir le contact avec Chris Kreider, le natif d'Anahim Lake est en train de faire évaluer sa condition quand Condon se rappelle ce moment particulier :

«C'est l'entracte. Carey entre dans la pièce où ils évaluent les joueurs qui subissent une commotion cérébrale. Il prend une chaise et la lance au bout de ses bras ! Puis, il va aux toilettes et se lance de l'eau au visage. Il revient, ramasse la chaise et la replace là où il l'avait prise. Et puis, il retourne s'asseoir dans le vestiaire, à 50 pulsations/seconde, comme toujours.»

Celui qui n'a été de passage dans l'uniforme du Tricolore que pour la saison 2015-2016 se remémore plusieurs anecdotes où est-ce que Carey Price a fait preuve d'une grande sérénité :

«Tu le regardes patiner et rien n'est précipité. Tout est fluide. Il prend son temps. On a un proverbe entre gardiens : slow is smooth and smooth is fast. Quand tu le regardes, ça a du sens.»

«Il est relax, naturel. Quand tu le regardes de près, tu remarques à quel point il exécute bien ses mouvements, avec un effort minimal.»

«J'aimais bien observer son comportement dans certains types de matchs. En début de saison, on jouait contre les Blues et Steve Ott, un bon agitateur. Après un arrêt de jeu, Ott enlève son gant pour mettre ses doigts dans la grille de Price.

À la pause publicitaire, Price arrive au banc. «Dude, pourquoi tu n'as pas répliqué ?» Il a ri et a pris une gorgée d'eau. Il était déjà passé à autre chose. D'autres gars auraient répliqué. Pas lui. Et il avait connu tout un match. Ça m'avait marqué.»

Peter Budaj

De son côté, Budaj a eu la chance de cotoyer le cerbère #1 de la Sainte-Flanelle pendant une plus longue durée que Condon, soit de 2011 à 2014. Durant son passage, Budaj a tenté par tous les moyens d'apprivoiser Carey Price, chose qui était plus simple qu'à quoi s'était imaginé le Slovaque :

«Chaque gardien est différent. Certains aiment parler pendant les pauses, d'autres non, rappelle Budaj, du Reign d'Ontario, dans la Ligue américaine. Je voulais donc apprendre à le connaître. Mais finalement, c'était très simple. Il arrivait toujours avec le sourire, il déconnait, on parlait des jeux qui venaient de se passer. Il était très concentré, mais calme.»

«Je ne l'ai jamais senti nerveux. Il a compris que les émotions négatives ne t'aident pas et n'aident pas l'équipe.»

«Quand l'autre équipe marque deux buts, tu veux voir ton gardien rester calme, car c'est ce qui va te permettre de t'en sortir. Sinon, tu peux galvaniser l'autre équipe en montrant des signes de nervosité.»

Chet Pickard

Ancien choix de premier tour des Predators de Nashville, le gardien Chet Pickard a été le co-chambreur de Price lorsque ce dernier était avec les Americans de Tri-City, dans la WHL. Outre une anecdote concernant des Glosettes au chocolat que vous pourrez lire dans l'article de Lefrançois, Pickard raconte une anecdote fort intéressante sur la façon que Carey Price avait d'analyser le jeu de son bon ami :

«Souvent, il se couchait sur la patinoire et il me regardait arrêter des tirs, tout simplement. J'ai fini par comprendre qu'il regardait les angles, les zones que je ne couvrais pas, pour comprendre quels étaient les angles plus durs à couvrir.»

«Quand tu le regardes jouer, tu n'as pas l'impression qu'il bouge. En fait, c'est parce qu'il est très efficace dans ses mouvements. Parfois, moins, c'est plus [less is more].»

Yann Danis

Maintenant âgé de 37 ans, Danis était le gardien partant des Bulldogs d'Hamilton en 2007, avant que Carey Price ne vienne lui subtiliser ce poste pour les séries éliminatoires, lui qui venait de subir l'élimination à Tri-City.

«À la veille du premier match des séries, on m'a dit que l'organisation voulait que ce soit lui qui joue. C'était un coup dur. Mais j'ai vite compris que je ne pouvais rien dire. Il nous a amenés en finale. Et c'est lui qui a gagné la finale!»

«C'est un exploit, sortir du junior et monter dans la Ligue américaine. Il y a une coche [entre les deux niveaux], et ça ne l'a pas affecté.»

Le calme de Carey Price a d'ailleurs impressionné Yann Danis, particulièrement à deux reprises, lorsque les deux portiers se sont côtoyés de 2005 à 2007 :

«Le contrôle de la rondelle, c'était déjà naturel, c'était déjà une force dans son jeu. Moi, je ne l'ai jamais vraiment eu. J'ai aussi joué avec Martin Brodeur. Rien ne stresse ces gardiens-là. Ils vont sortir de leur filet, lever la tête, faire leur lecture, passer la rondelle et retourner devant le but. Moi, j'arrêtais la rondelle, je la donnais, c'était tout. On aurait dit qu'ils avaient cinq secondes de plus que moi pour faire le jeu!»

«Jouer devant 21 000 personnes, ça n'avait pas l'air de le rendre nerveux.»

Cristobal Huet

Après la Coupe Calder, Price s'est retrouvé à Montréal dans le rôle d'adjoint à Cristobal Huet, du moins, jusqu'à ce que la venue du numéro 31 pousse la direction à échanger le Français aux Capitals de Washington. Néanmoins, Huet se souvient du premier match en carrière de Price, alors que ce dernier affrontait les Penguins de Pittsburgh. Avant la rencontre, l'originaire de la Colombie-Britannique s'amusait avec la caméra, raconte l'ancien numéro 39 :

«Je me souviens de son premier départ, à Pittsburgh. Avant le match, il jouait avec la caméra ! La caméra arrive sur lui, il la regarde et dit : «hi mom !» Quand on dit qu'il est laid back, c'est exactement ça.»

«Il a la personnalité pour Montréal, croit Cristobal Huet. Avoir confiance en soi et se foutre de ce que les gens disent, c'est une qualité. L'important, c'est ce que les entraîneurs et coéquipiers pensent. Bien sûr que les fans sont importants. Mais si on écoute tout le monde, on ne s'en sort pas, surtout à Montréal.

«Il faut savoir être apprécié de ses boss et de ses coéquipiers et ensuite, on sera apprécié du public.»

Alex Auld

Finalement, Auld, qui est arrivé dans le poste d'adjoint à Price en 2010-2011, alors que Pierre Gautier venait de transiger le miraculeux Jaroslav Halak des séries 2010. L'ancien gardien de 6 pieds 5 pouces et 221 livres se rappelle des circonstances entourant la transaction d'Halak et affirme sans gène que Carey Price est l'un des rares joueurs qui avaient la force mentale de gérer une telle situation :

«Je me joins au Canadien, l'équipe vient d'aller en finale de l'Est, elle échange Halak et soudainement, ça devient l'équipe de Price. Peu de joueurs auraient pu gérer ça»
, rappelle Alex Auld.

D'ailleurs, c'est cette même année que Carey Price avait lancé aux médias le fameux ''chill out'' à la suite d'une contre-performance de quatre buts accordés sur dix lancers à son premier match préparatoire, qui lui avait valu plusieurs hués de la foule montréalaise. Auld se souvient très bien de ce moment :

«Ça prenait des couilles!»

«Sur le coup, je n'ai pas trouvé son commentaire très intelligent ! C'était comme s'il demandait de la pression. Mais ça en disait long sur sa personnalité. Il voulait cette pression.»

«Le printemps précédent, le succès de Halak l'a probablement fouetté. Je veux être ce gars-là. Sa déclaration, c'était sa façon de dire : c'est la première étape, mais ça va aller. Il savait ce dont il parlait. Avec le recul, je trouve que c'était une preuve de leadership.»

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C'est en analysant ces commentaires des anciens partenaires de Carey Price qu'on se rend compte à quel point ce dernier est un être particulier et rempli de talent. Maintenant, afin de devenir une légende incontestée de la LNH, il ne lui manque plus qu'une Coupe Stanley à son palmarès bien garni.

À nouveau, félicitations Carey!

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