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Contre toute attente, Gino Odjick est toujours vivant

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27 octobre 2019  (1h04)
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Wayne « Gino » Odjick est né le 7 septembre 1970 sur la réserve amérindienne algonquine Kitigan Zibi qui est située tout juste à l'extérieur de Maniwaki.

Ayant commencé à jouer au hockey, dès son plus jeune âge, ce n'est cependant qu'à l'âge de 11 ans qu'il s'est joint à une équipe organisée qui était dirigée par son père Joe.

À l'âge de 15 ans, il songeait à abandonner le hockey, pour poursuivre d'autres avenues, lorsqu'il a été invité à faire un essai avec les Hawks d'Hawkesbury, une équipe junior en Ontario. Jusqu'à ce moment, il avait toujours évolué à la ligne bleue prônant un style défensif.

Avec les Hawks, il a cependant réalisé qu'il n'avait pas les habiletés requises pour espérer réussir dans ce sport. C'est alors qu'il a décidé de se reconvertir en homme fort. C'est d'ailleurs à Hawkesbury qu'il s'est mérité son premier surnom soit « the Algonquin Assassin » (l'Assassin Algonquin).

Selon lui, son besoin de défendre ses coéquipiers et ses habiletés pugilistiques sont dues, en partie, aux tensions qui existaient entre les habitants de la réserve et les villageois environnants.

Repêché en 5e ronde, 86e choix en 1990, par les Canucks de Vancouver, Odjick a déjà évolué sur le 1er trio avec Pavel Bure. En 1993-1994, il a même atteint un sommet personnel de 29 points (16B, 13P). Pas mal pour un joueur reconnu pour n'avoir du talent que dans ses poings!

Durant six des huit saisons avec les Canucks, la dernière ayant été partagée avec les Islanders, il a amassé plus de 200 minutes de pénalités s'en voyant décerner plus de 300 minutes, les deux autres années. Après avoir fait un arrêt à Philadelphie, Odjick s'est amené à Montréal en 2001-2002.

Malheureusement, une rondelle reçue derrière la tête durant un entraînement pré-saison, lui a occasionné une commotion cérébrale qui l'a tenu à l'écart du jeu durant la majorité de la saison 2002-2003.

Après avoir été suspendu par le Canadien en février 2003, pour avoir refusé de se rapporter à leur club-école dans la LAH, il a finalement décidé de prendre sa retraite pour s'installer à Vancouver, où il demeure encore.

Il avait alors disputé 605 rencontres dans la LNH y amassant 137 points (64B, 73P), mais surtout un impressionnant total de 2567 minutes au cachot dont trois saisons de plus de 300 minutes de pénalité.

Le 26 juin 2014, son univers a cependant complètement basculé lorsque les médecins lui ont révélé qu'il souffrait d'une Amyloïdose AL (ou Amylose AL).

Selon l'Institut de Cardiologie de Montréal, cette maladie, rare et mortelle, est la conséquence de la transformation d'une protéine qui se dépose et s'infiltre dans les organes. La forme AL (amyloïdose à chaînes légères) n'est pas héréditaire et elle s'attaque souvent à plusieurs organes.

Lorsque celle-ci s'attaque au coeur (Amylose cardiaque AL), comme c'est le cas pour Odjick, les protéines anormales se déposent sur sa surface l'entourant d'une pellicule qui se durcit lentement, mais inexorablement, entraînant ainsi une rigidité qui empêche le coeur de se détendre et de se contracter adéquatement.

Cette condition mène éventuellement à l'insuffisance cardiaque et entraîne un infarctus, comme ce fut le cas avec Odjick. C'était une condition terminale puisqu'il n'existait alors aucun traitement pour renverser ou même retarder le processus.

« Ils (les médecins) m'ont dit qu'il me restait quelques semaines, tout au plus quelques mois, à vivre a déclaré Odjick lorsqu'interrogé à ce sujet cette semaine par François Gagnon de RDS.

Ils m'ont dit de préparer mon départ, de retourner à la maison, à Maniwaki dans l'Outaouais, pour être près des miens parce qu'il n'y avait rien à faire » s'est-il remémoré.

Le dur-à-cuire devait maintenant affronter un adversaire redoutable qui, même s'il était microscopique, lui promettait, à court terme, un K.O. percutant, mais surtout fatal.

L'homme fort avait toujours bénéficié de l'appui des partisans, quelle que soit l'équipe dont il avait porté les couleurs, mais s'il en doutait, il en a eu la preuve lorsque sa maladie a été annoncée en 2014. Cette nouvelle avait, en effet, donné lieu à une énorme vague de sympathie tant au Canada qu'aux États-Unis.

Le 29 juin, des centaines de partisans de Canucks s'étaient même attroupés devant l'Hôpital Général de Vancouver pour le saluer et l'encourager. Affaibli et en fauteuil roulant, Odjick, escorté par des amis et des membres de sa famille, était alors sorti afin de leur faire ses adieux. Quel homme!

Malheureusement, toutes ces marques de sympathie et ces encouragements ne pouvaient ralentir la maladie et encore moins la guérir.

Devant une mort imminente, Odjick, sur le conseil de ses médecins, s'était finalement résolu à revenir « à la maison » pour y mourir entouré des siens. Avant d'y arriver, il a cependant effectué un arrêt à l'Hôpital Général d'Ottawa où, contre toute attente, les médecins lui ont proposé d'essayer un traitement expérimental.

« Je n'étais pas prêt à mourir, a-t-il confié lors de cette même entrevue. Mes enfants étaient trop jeunes. Je devais m'occuper d'eux. Il fallait que je reste près d'eux plus longtemps.

Et comme je n'ai jamais senti que j'allais mourir, j'ai accepté les traitements en question et me voilà en rémission depuis deux ans déjà. Les médecins me disent que la maladie pourrait revenir un jour. J'espère juste que ce sera dans 20 ans »
a-t-il ajouté.

Ce voyage qui devait être son dernier a finalement été celui qui lui a sauvé la vie.

Lui qui s'entraînait quatre ou cinq fois par semaine et qui jouait encore régulièrement au hockey, lorsque la maladie l'a terrassé, soudainement et sans aucun signe précurseur, il y a cinq ans, ne pouvait plus rien faire d'autre que de se battre pour tenter de survivre le plus longtemps possible.

« J'ai gagné cette bataille, a-t-il affirmé, comme d'autres que j'ai livrées dans ma vie, mais le dernier combat a laissé des traces. »
Odjick a, en effet, pris beaucoup de poids lui qui fait osciller la balance à 127 kilos (280 livres);

une bonne nouvelle en un sens puisqu'il en avait beaucoup perdu durant sa bataille contre la maladie. Il ne peut plus jouer au hockey puisque « je ne crois pas que je serais capable d'attacher mes patins » confesse-t-il pince-sans-rire avec le sens de l'humour qui l'a toujours caractérisé.

Sa condition est loin d'être optimale. Au mois de mars, lors d'une entrevue avec le réseau CBC, le bagarreur avait révélé que son coeur ne fonctionnait qu'à 60% de ses capacités, mais qu'il continuait à reprendre des forces; l

a preuve, l'enflure aux jambes dont il souffrait s'était résorbée. Malgré les améliorations, il a néanmoins encore le souffle court, autre signe de la précarité de son état.

Pour demeurer actif et surtout près du hockey, Odjick est l'entraîneur-chef du club des anciens Canucks. Ce « travail » lui permet aussi de sortir avec les anciens joueurs de l'organisation ce qui est toujours agréable et amusant.

« C'est le fun de voir que je suis encore reconnu et apprécié aujourd'hui malgré la maladie et les années qui passent »
a-t-il avoué. Vancouver n'est cependant pas le seul club dont il suit les activités.

Ce dernier, en effet, aime se tenir au courant des hauts et des bas du Tricolore. Lors des rencontres, il est même très actif sur Twitter.

L'ancien bagarreur est aussi un courtier prospère étant impliqué, avec son épouse, Caroline Forester, et la famille Aquilini, les propriétaires des Canucks, dans le développement immobilier.

« Je fais le lien entre le groupe Aquilini et les différentes nations autochtones installées autour de Vancouver. Les Amérindiens ont du terrain qu'ils louent au groupe Aquilini pour une période de 99 ans.

Les maisons sont construites sur ces terrains et les profits des ventes sont séparés à 50-50 entre les Amérindiens et le promoteur »
a-t-il expliqué.

Sa femme rédige les papiers et les contrats pour s'assurer que tout soit en règle et que tous y trouvent leur compte. Quant à Odjick, il dit s'assurer de faire le lien avec ses semblables pour qu'ils soient respectés.

Gino Odjick est père de sept enfants qui demeurent tous au Québec sauf un, Patrick, qui est installé à Vancouver. Un de ses fils (Joey) est policier à Laval. Sa fille Chynna poursuit ses études dans la région de Montréal tandis que les autres résident à Maniwaki.

« Si tout continue à bien aller, je compte aller faire un tour (à Maniwaki et au Québec) pour revoir mes enfants et le reste de la famille le mois prochain »
a-t-il affirmé.

Ajoutant qu'il profiterait de l'occasion pour aller rendre visite à son grand ami Donald Audette, qui fait partie de l'équipe des recruteurs du Canadien de Montréal, un ami qu'il considère plutôt comme un frère.

Audette lui avait d'ailleurs rendu visite à Vancouver, il y a cinq ans, lorsque Gino avait appris l'horrible nouvelle.

Il y était allé avec Michel Therrien, l'ancien entraîneur-chef du Canadien et actuel entraîneur-adjoint d'Alain Vigneault à Philadelphie, et tous deux avaient été assommés en le voyant dans cet état.

« Ça n'avait pas de sens qu'un gars solide comme Gino pouvait être soudainement aussi faible. J'étais convaincu que c'était la dernière fois que je le voyais vivant, avait déclaré l'ancien porte-couleurs du Bleu-Blanc-Rouge. Il était vraiment affaibli. »

Puisque le dernier repêchage s'est tenu à Vancouver, Audette et Therrien en ont profité pour passer du temps avec Odjick dans des circonstances beaucoup plus réjouissantes. Ils se sont retrouvés dans un restaurant pour prendre un bon repas tous les trois ensemble.

« J'étais content de les voir pour revivre les bons moments qu'on a connus quand nous étions plus jeunes, mais le plus beau de l'histoire, c'est que c'est Donald qui a ramassé la facture »
a confié le dur à cuire qui, une fois de plus, a prouvé qu'il n'avait rien perdu de sa repartie.

L'ancien bagarreur est en rémission et sa condition n'est dorénavant plus considérée comme terminale.

Il s'agit d'une histoire incroyable, mais surtout inspirante, qui prouve que, peu importe l'adversaire, il faut y faire face et donner ses meilleurs coups.

C'est ce qu'Odjick a fait durant toute sa carrière et c'est assurément ce qu'il continuera à faire jusqu'à son dernier souffle. Un vrai n'abandonne jamais!

Crédit : Journal de Montreal
Gino Odjick en rémission

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