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Un recruteur québécois raconte les particularités de son travail en temps de confinement

PUBLICATION
Charles-Antoine Nicol
14 mai 2020  (10h24)
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Depuis que les mesures de confinement se sont mises en branle à la mi-mars, disons que plus rien dans notre quotidien n'est comme à l'accoutumée.

En effet, que ce soit au travail, à l'école, à l'épicerie, dans nos loisirs ou même à nos domiciles, tous ont été adaptés à la situation actuelle afin de contrer la propagation de ce terrible virus.

De ce fait, vous comprendrez que même les formations sportives dans le monde professionnel doivent s'ajuster à la crise, et c'est notamment le cas pour les recruteurs amateurs dans la LNH, qui doivent s'acquitter de leur tâche sans match à visionner en temps réel. C'est qu'il ne faut pas oublier que le repêchage devrait bientôt avoir lieu alors qu'une date de tenue devrait être annoncée sous peu.

Invité à l'émission On Jase au Réseau des Sports, le recruteur amateur à l'emploi des Predators de Nashville, Jean-Philippe Glaude, a raconté comment il a dû s'adapter à la situation afin de réaliser son travail en bonne et due forme, des anecdotes qui ont particulièrement éveillé un intérêt marqué pour l'amateur du repêchage en moi :

De prime abord, Glaude affirme que les Preds lui ont fourni les éléments nécessaires pour analyser les jeunes joueurs jusqu'en juin et maintenant, il en est au moment où il en apprend davantage sur la personnalité des joueurs :

« On a reçu une liste de joueurs ciblés qu'on doit évaluer. On doit regarder une douzaine de matchs par semaine. Et maintenant, on est dans le dernier droit, on organise des entretiens en vidéoconférence avec les joueurs pour leur poser des questions et en apprendre plus sur eux. C'est la dernière étape pour amasser de l'information pertinente avant le repêchage. »

Le Québécois a d'ailleurs une stratégie bien précise pour en apprendre sur le comportement de ses cibles :

« Moi, ce que j'aime le plus, c'est de parler aux coéquipiers des joueurs qu'on cible. Ce que je veux savoir, c'est comment ils agissent dans les pratiques, comment ils s'entraînent. Sont-ils ‘'tough''? Sont-ils des ‘'gamer''? À mon avis, c'est le principal élément à surveiller. Quand le niveau de compétition augmente, on veut des jeunes qui se battent et qui réagissent bien. On ne veut pas qu'ils finissent par tomber. Ça donne un ‘'imput'' fascinant », ajoute-t-il.

Glaude, ancien porte-couleurs des Voltigeurs de Drummondville, avoue qu'il évalue principalement la personnalité du joueur ainsi que sa compréhension du match afin de clarifier ses choix :

« Ça prend des obsédés à devenir meilleur. Ça prend aussi des joueurs qui ont un sens du jeu plus élevé que la moyenne. Si tu ne comprends pas, si tu ne suis pas le jeu et si tu ne penses pas assez vite, tu ne pourras pas suivre. Le jeu est de plus en plus rapide et il y a de moins en moins d'espace, il faut réagir vite. Ça prend aussi une bonne vitesse intelligente. Ce n'est pas nécessairement d'être le plus rapide sur la patinoire, mais il faut être capable de jouer vite et d'être réactif au bon moment. »

Avant de conclure, le dépisteur amateur de 39 ans raconte les dessous de la sélection du défenseur Samuel Girard par Nashville en 2016 lors de la deuxième ronde :

« On repêchait au 47e échelon et rendu aux choix 43 et 44, je commençais vraiment à stresser. C'est un joueur que je voulais absolument. J'étais passionné par Sam. Autant par le joueur que l'humain. C'est un type de jeunes qu'on voit une fois aux 10 ans. Quand j'ai vu qu'il était encore disponible, j'étais vraiment très fier », se souvient-il.

Petite déception pour Glaude, Girard a pris le chemin du Colorado en novembre 2017 dans une transaction à trois équipes, ayant notamment envoyé Kyle Turris à Nashville ainsi que Matt Duchene à Ottawa. Le recruteur a raconté comment il a vécu le transfert du jeune défenseur offensif vers une formation rivale :

« C'est sûr que ça m'a fait quelque chose. On en voit rarement des ‘'gamers'' comme ça. Mais en même temps, ça fait partie de la business. Du moment où je sélectionne un joueur, il tombe ensuite entre les mains de l'organisation. À ce moment, David Poile jugeait que l'organisation allait s'améliorer immédiatement. Ça fait partie de la réalité du hockey. »

Pour terminer l'entretien, Jean-Philippe Glaude a notamment avoué que le prochain repêchage en sera un constitué d'une énorme profondeur, lui qui estime qu'un groupe de 18 patineurs représente une valeur supérieur au reste des joueurs de l'encan et ce même groupe aurait un potentiel élevé d'atteindre un bon niveau dans la LNH.

Bref, si vous appréciez les coulisses du repêchage, cet entretien aura assurément été du bonbon pour vous, alors qu'on constate que les recruteurs ne chôment pas malgré les contraintes du moment. Le repêchage 2020 risque d'être l'un des grands dans l'histoire du circuit Bettman et nous avons bien hâte d'en voir le dénouement.

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