Son cheminement vers la Ligue nationale de hockey n'aurait pas été possible sans que son grand frère Jérémy décide d'arrêter de jouer au hockey pour permettre à son frère de réaliser son rêve, soit celui d'accéder à la LNH.
Dans son texte signé dans La Presse dimanche matin, Samuel Girard a clamé haut et fort ce que bon nombre de familles plaident depuis des années au Québec.
Ça prend une plus grande accessibilité, et ce, pour tous les jeunes.
Sans le sacrifice de Jérémy Girard, le défenseur de l'Avalanche du Colorado n'aurait probablement pas eu les moyens de poursuivre sa carrière au niveau supérieur.
Reconnaissant du geste de son frère, Samuel Girard a toutefois expliqué que ce choix, trop de familles doivent le faire.
Combien de jeunes hockeyeurs québécois n'ont pas eu cette chance depuis les 10, 15 ou même 20 dernières années.
Il en a profité pour revenir sur l'histoire de sa petite communauté natale de Roberval lorsqu'il était jeune.
Il pratiquait sur une patinoire qui avait besoin d'amour.
Heureusement, la communauté était tissée tellement serrée qu'elle a remporté le concours Kraft Hockeyville, une initiative qui permet de verser un chèque de 100 000 $ à une localité pour améliorer ses infrastructures sportives.
La Ville de Roberval a été en mesure de payer les réparations pour offrir une infrastructure de plus grande qualité à tous les jeunes du secteur.
De plus, le Tricolore allait disputer une partie dans la communauté de Roberval. Cette initiative a été le début du périple vers la Ligue nationale de hockey pour le défenseur de l'Avalanche du Colorado.
C'est à ce moment précis qu'il a su qu'il pouvait réaliser son rêve. Ce rêve qu'il chérissait, il s'était matérialisé devant ses yeux. C'était son premier match de la LNH auquel il assistait.
Ce moment est resté gravé dans sa tête jusqu'à aujourd'hui. Pour lui, le hockey est une activité communautaire qui devrait être accessible à quiconque voudrait le pratiquer. La réalité est malheureusement toute autre au Québec.
Les décisions archaïques de la fédération sportive qui gère et administre le hockey en sol québécois vont à l'encontre de l'objectif d'améliorer l'accessibilité au hockey pour tous.
La création de nouvelles catégories AAA dès l'âge de 12 ans n'a eu que pour effet de mettre une pression financière énorme sur les parents qui n'avaient pas les moyens.
Certains parents ont pris un deuxième emploi pour s'assurer d'offrir ce qu'il y avait de mieux pour leurs enfants.
Le coût de tout ça, les parents sont moins présents auprès de leurs jeunes pour vivre la passion avec ceux-ci.
Tous les coûts liés au hockey de haut niveau reflètent l'un des problèmes du hockey au Québec.
De cette façon, le hockey se veut un sport élitiste. Un parent me racontait que la saison de son fils au Midget AAA lui avait coûté 15 000 $, dont un montant de 6 750 $ réservé à la pension du joueur qui sera hébergé dans une famille.
Imaginez maintenant si c'était le cas de la famille Girard qui devait payer pas loin de 20 000 $ à 25 000 $ pour les deux enfants qui jouaient dans la même équipe. On parle ici de dépenses nettes.
En gros, c'est un des deux salaires qui est dédié uniquement au hockey des enfants.
Militer pour plus d'accessibilité dans le hockey mineur au Québec, ce n'est pas une tâche facile quand Hockey Québec a des orientations différentes.
La fédération sportive chargée de régir et organiser le hockey sur le territoire québécois a pris des décisions qui ont créé des freins pour le développement des jeunes joueurs qui vivent en régions éloignées.
D'abord, la création du système de hockey AAA à partir de l'âge pee-wee a contribué davantage à séparer les gens aisés des familles plus modestes.
Quand un jeune hockeyeur de 13 ans vivant à Beloeil doit disputer un programme double à Baie-Comeau et Québec dans la même fin de semaine, cela entraîne un lot de contraintes. Combien coûte un périple de la sorte? Multipliez ce périple par deux chaque mois!
Qui devra payer la facture? Les parents! On comprend également que si le jeune joue à midi samedi, il devra partir le vendredi pour se rendre à Baie-Comeau. Après tout, c'est quand même sept heures de route sans aucune tempête.
Deux nuitées à l'hôtel ou dans un AIRBNB. L'essence, la nourriture, etc...
Même la famille la mieux organisée et la plus économe avec une voiture électrique devra payer plus de 250 $ à 300 $ pour ce périple.
Les familles plus aisées avec une voiture à essence dépenseront facilement 600 $ à 700 $.
Les jeunes hockeyeurs de 12 et 13 ans doivent parcourir le Québec pour jouer au hockey. Cette professionnalisation du sport à 12-13 ans est un immense leurre pour ceux qui plaident que les meilleurs joueurs doivent jouer avec les meilleurs pour progresser.
Quand on regarde le nombre de jeunes hockeyeurs québécois qui se hissent jusqu'à la Ligue nationale de hockey, force est de constater que nous vivons un recul depuis plusieurs années.
En Finlande, les jeunes hockeyeurs de cet âge jouent avec les jeunes du même secteur.
On a préféré miser sur le développement des entraîneurs de hockey, puisque ce sont eux qui viennent à interagir avec les jeunes et développer leur compréhension tactique et technique.
Depuis quelques années, la Finlande a développé plus de choix de premier tour dans la Ligue nationale de hockey que le Québec.
Dans la dernière décennie, 20 joueurs qui ont cheminé par le système de Hockey Québec ont été réclamés en première ronde de la Ligue nationale de hockey.
Pour la Finlande, un pays qui compte 5,5 millions d'habitants environ, on en compte 22.
Si on fait l'exercice avec la Suède, qui compte 10,5 millions de population environ, on parle probablement de plus du double de joueurs repêchés en première ronde dans la Ligue nationale de hockey.
La prospection du talent, les ressources et une démocratisation du hockey pour une plus grande accessibilité; voilà ce qui différencie le Québec et les pays comme la Finlande et la Suède, ceux qui développent un plus grand nombre de hockeyeurs de talent.