Marc Bergevin plus transparent que jamais au sujet de KK, Caufield, Romanov et plus!

PUBLICATION

Charles-Antoine Nicol
29 février 2020 (10h53)

Depuis qu'il est arrivé en poste à Montréal en 2012, on a longuement reproché son manque de transparence à Marc Bergevin envers les médias, alors qu'il semblait nous cacher des informations pertinentes au sujet de l'équipe plus souvent qu'autrement.

Or, Mathias Brunet a brisé ce mur de cachotterie ce matin, lui qui a publié l'un des articles les plus pertinents de la communauté médiatique sportive du Québec cette année, alors qu'il a réussi à obtenir le DG du Tricolore en entrevue avant la joute de ce jeudi face aux Rangers de New York et disons qu'on y retrouve des informations TRÈS intéressantes :

De prime abord, cet article contient tellement d'informations qu'il sera traité en deux parties par l'équipe de Habs&LNH.

Si mon collègue s'attardera sur la partie où Bergevin mentionne son plan pour les années à venir, les prochaines lignes traiteront les éléments où le décideur de la Sainte-Flanelle parle de son évaluation au sujet des plus beaux espoirs de l'équipe, dont KK, Caufield et Alex Romanov.

En premier lieu, le DG du CH a évoqué que la patience était de mise au sujet des deux derniers choix de premier tour de l'équipe, Jesperi Kotkaniemi et Cole Caufield. Au sujet de ce dernier, Bergevin a mentionné que nous pourrions attendre avant de voir le jeune franc-tireur porter l'uniforme Bleu-Blanc-Rouge, et ce, malgré ses 34 points en 32 joutes dans la NCAA :

« Cole Caufield connaît une bonne année [dans la NCAA], dit Marc Bergevin. Mais, à nos yeux, il n'est pas prêt. On va prendre une décision à la fin de l'année. S'il veut vraiment quitter le collège, on ne le forcera pas, mais on va lui recommander de rester [au Wisconsin]. Ça ne veut pas dire que c'est une déception. On vise le mieux pour son développement à long terme. On a encore les discussions à l'interne. C'est possible aussi qu'on le voie à Laval l'an prochain. Mais Laval aussi, ça va être difficile. C'est une ligue d'hommes. »

En effet, l'Américain doit parfaire des aspects de son jeu défensif :

« Il a un peu de difficulté dans sa zone. Il va marquer quand il a la rondelle, et il va être capable de marquer ici, mais dans un match de hockey, le joueur n'a pas la rondelle longtemps. Il a encore du chemin à faire sans la rondelle. Il a aussi besoin de millage. »

D'ailleurs, Bergevin a effectué un parallèle avec son compatriote Jack Hughes, qui connaît une saison en deçà des attentes pour un premier choix au total avec les Devils du New Jersey :

« Ce qui fait peur, à Montréal, ce sont les attentes. Et nous, dans la mesure du possible, on essaie de réduire les attentes. Ce n'est pas pour être négatifs, mais c'est la réalité. C'est difficile pour Jack Hughes cette année ; ça ne veut pas dire que c'est un mauvais joueur. »

Si Caufield devra visiblement attendre avant de faire le saut chez les professionnels, Jesperi Kotkaniemi a, de son côté, les deux pieds directement dans les grandes ligues.

Néanmoins, il n'en demeure pas moins que KK a été envoyé dans les mineures, car il devait améliorer son niveau de jeu, chose que Bergevin a commenté de façon très juste :

« Il doit améliorer la force de ses jambes. Son centre de gravité est bas quand il patine, mais il se redresse quand il entre dans une bataille pour la rondelle. Il doit rester bas. »

« On veut aussi qu'il soit plus fort avec son bâton dans ses luttes pour la rondelle, ajoute Bergevin. On ne parle pas de grosses mises en échec. Le meilleur exemple, c'est Patrice Bergeron. Il ne frappe pas beaucoup, mais il gagne ses batailles. Nick Suzuki, il l'a. KK le fait, mais il doit le faire avec plus de constance. Il a encore les mêmes habitudes qu'il avait ici, mais [l'entraîneur] Joël [Bouchard] les voit et il travaille avec lui pour les corriger. Et ça s'améliore. Les habitudes de junior, c'est long à casser. KK, c'est un peu ça. »

Après s'être confessé au sujet de ces deux attaquants, Bergevin a poursuivi en parlant des coulisses entourant la sélection du plus bel espoir en défense du CH, Alexander Romanov.

En effet, on se souviendra que le CH avait organisé un « combine » en Suède pour évaluer les espoirs européens en 2018, où Bergevin s'est dit avoir été séduit par le jeune Russe :

« Je m'étais rendu en Suède à nos essais européens quelques semaines avant le repêchage de 2018 parce que mes gars m'avaient dit de l'avoir à l'�il. J'aimais sa façon de se comporter, de s'entraîner, sa façon de te regarder dans les yeux. J'aimais le kid. Des fois, ce n'est pas bon de faire ça non plus, mais il avait quelque chose. »

On se souviendra que Romanov était répertorié au niveau de la quatrième ronde à son année de repêchage, ce qui n'a pas empêché le département de recrutement du CH de sélectionner l'arrière, malgré le niveau de risque que cela importait :

« À l'interne, on nous disait d'attendre encore, mais avec Trevor [Timmins], on a décidé de le prendre rapidement. J'ai parlé à deux directeurs généraux après le repêchage, et ils m'ont dit qu'il n'aurait plus été libre au 56e rang avec notre troisième choix de deuxième tour »

Et qu'en est-il du potentiel du jeune Russe?

« On va être prudents en disant qu'il commencera sur une troisième paire ; ensuite, on verra comment il s'ajustera, dit Bergevin. Il joue avec des hommes en Russie, mais la LNH, c'est la meilleure ligue au monde. Éventuellement, il montera [en grade], mais on ne sait pas combien de temps ça prendra. C'est un défenseur très alerte. Le mot «alerte» est important. Il voit tout ce qui se passe sur la patinoire. Il brise beaucoup de jeux. »

« Ce sera un jeune défenseur qui, à 23, 24 ans, nous donnera 24, 25 minutes contre les meilleurs trios adverses. Le genre de défenseur qu'on envoie sur la glace pour protéger une avance, jouer en infériorité numérique, peut-être jouer les 30 dernières secondes de la supériorité numérique quand tu sais que l'autre équipe revient avec son gros trio. Mais il faut lui donner du temps. Un défenseur comme ça, je le considère aussi important qu'un défenseur capable d'obtenir 60 points, mais à risque. »

D'ailleurs, Bergevin a fait une déclaration qui va de nouveau dans la ligne directrice où Ilya Kovalchuk pourrait être de retour avec le CH en 2020-21, alors qu'il a mentionné que le Russe de 36 ans pourrait être un bon mentor pour celui qui est de 16 ans son benjamin.

« Il va être bon pour Romanov. C'est la culture russe. On ne regarde pas juste ce que Kovy va faire sur la patinoire. C'est un bon pro et il amène beaucoup d'autres choses aussi. »

Bergevin a terminé au sujet de la relève de l'équipe en parlant de deux espoirs en défense plutôt méconnus des partisans, mais dont le potentiel n'est pas en reste, soit le Suédois Matthias Norlinder et l'Américain Jordan Harris. Au sujet des deux piliers, le département du CH entrevoit un plan bien précis à chacun d'eux :

« Notre intention, dans le cas de Mattias Norlinder [choix de troisième tour en 2019] est de le laisser jouer en Suède une autre année et, après, de l'amener avec nous. Jordan Harris [choix de troisième tour en 2018, membre de la première paire de défenseurs de l'équipe américaine au Championnat mondial junior], on est heureux de sa progression, on prendra une décision à la fin de la saison. Il est possible qu'on le fasse passer pro, ça va dépendre de lui. On a des discussions à l'interne à son sujet. Ce qui l'aide beaucoup, c'est son patin. Mais il devra probablement prendre du millage à Laval. »

Bref, ce que l'on doit retenir des propos de Marc Bergevin au sujet de ses plus beaux espoirs, c'est que la patience sera de mise concernant les KK, Caufield, Poehling et Romanov de ce monde, mais qu'ils devraient tous aider le CH à remporter de grands matchs dans les années à venir.

Ce que j'adore dans les commentaires du DG du CH, c'est qu'il ne souhaite pas brûler des étapes avec ses espoirs et c'est tout à son honneur.

Cette patience sera d'un grand bien pour l'avenir du club et considérant cela, Bergevin semble être l'homme idéal pour mener à bien les succès de l'équipe.