Jacques Plante garde les buts du Tricolore. Pendant la première période, un tir atteint solidement le gardien au visage et lui fracture le nez (comme c'était trop souvent coutume à l'époque).
Il retraite évidemment au vestiaire où on lui prodigue les premiers soins. Plus de 200 points de sutures sont nécessaires pour refermer la plaie.
En revenant au banc de son équipe, il apostrophe son entraîneur, Toe Blake, et lui dit qu'il retournerait sur la glace seulement s'il acceptait qu'il porte le masque qu'il utilisait seulement dans les séances d'entraînement.
Jusque là, aucun gardien n'avait porté cette pièce d'équipement pendant un match officiel. En effet, vu comme un signe de faiblesse, le masque était tout simplement interdit par la ligue.
Il fallait un énorme courage, sinon une insouciance, ou être carrément fou pour se présenter devant les filets et recevoir des rondelles gelées à visage découvert!
Victime de plusieurs blessures, Plante, ce soir-là, décida qu'il en avait assez. C'était la fois de trop. À force d'insistance, il parvint à convaincre les dirigeants de l'équipe : il allait désormais porter le masque (en fibre de verre) en permanence.
Véritable précurseur, il fut le premier gardien de la Ligue nationale de hockey à arborer le masque de manière officielle et règlementaire.
Les masques de gardiens de but ont toujours fasciné les amateurs de hockey et celui-ci, malgré l'esthétique discutable de l'époque, ne fait pas exception à la règle. C'était rare. Nouveau. Révolutionnaire.
Aujourd'hui, 60 ans plus tard, les artistes produisent pratiquement de véritables œuvres d'art sur les masques des gardiens de but de la LNH. Ils sont beaux. Attendus. Regardés. Enviés.
Mais pour en arriver à cela, il y a eu Jacques Plante, en 1959.