Bob Cole a, en effet, effectué la description de son premier match, à la radio de la CBC, le 24 avril 1969. Le Canadien affrontait les Bruins en demi-finale de la Coupe Stanley. Montréal avait alors remporté la victoire en deuxième période de prolongation grâce au célèbre but du non moins célèbre Jean Béliveau.
Et même s'il a décrit de nombreux matchs depuis le début de sa carrière, le pendant anglophone des René Lecavalier et Richard Garneau est souvent rattaché à la ville de Montréal puisqu'il a passé plusieurs soirées dans les hauteurs des différents arénas.
Lorsque l'équipe a annoncé, au milieu des années 90, qu'elle quittait le vieux Forum pour déménager ses pénates au Centre Bell, il a d'ailleurs été consulté afin de s'assurer que la loge des descripteurs soit située à l'emplacement idéal dans le nouvel édifice.
À ses débuts, lui et ses homologues décrivaient beaucoup de rencontres, tant à la CBC qu'à Radio-Canada, et ils voyageaient donc fréquemment ensemble. C'est ainsi qu'il est devenu ami avec Lecavalier et Garneau; il les a d'ailleurs invités tous les deux à venir le visiter chez lui à Terre-Neuve.
Tout comme ces deux légendes, décrire des rencontres de hockey était plus qu'un métier, c'était une passion. M. Cole décrivait chaque rencontre avec enthousiasme, et sans parti pris, comme s'il s'agissait du septième match de la Coupe Stanley glissant dans ses propos quelques « oh baby! » qui étaient devenus, en quelque sorte, sa marque de commerce.
En septembre dernier, ses employeurs du réseau Sportsnet lui ont annoncé que la saison 2018-2019 serait sa dernière. Même s'il est âgé de 85 ans, M. Cole a déclaré qu'il aurait cependant préféré repousser sa retraite, mais, malheureusement, il n'avait pas droit au chapitre.
Écoutez la vidéo sur laquelle on peut entendre des joueurs de différentes époques, comme Wayne Gretzky et Sidney Crosby, pour ne nommer que ceux-là, lui rendre un hommage senti :
Comme plusieurs joueurs vedettes, ses patrons lui ont permis d'effectuer, en quelque sorte, un dernier tour de piste qui ne devait comporter, au départ, que 10 rencontres. Heureusement, pour ses fidèles auditeurs, ce total a été bonifié jusqu'à seize. M. Cole a éteint son micro pour la dernière fois hier soir au Centre Bell. Une belle façon de boucler la boucle!
Voyez une vidéo le montrant en plein travail à différentes époques de sa carrière :
Ce match au Centre Bell, opposant les locaux aux Maple Leafs de Toronto, aurait cependant pu être terne. Les joueurs du Tricolore ayant, en effet, appris la veille qu'ils ne participeraient pas aux séries, auraient pu sauter sur la glace pour la forme et complètement démotivés.
Quant aux joueurs de Toronto, leur qualification assurée, ils auraient pu jouer en demi-teinte afin de ne pas se blesser. Après tout, cette rencontre ne revêtait aucune signification pour l'une ou l'autre des deux équipes impliquées. Et pourtant!
Plusieurs éléments, dont la rivalité opposant les deux équipes depuis l'époque des six clubs originaux, ont fait en sorte que Bob Cole a eu à décrire, pour son chant du cygne, un match enlevant ponctué de dix buts en temps règlementaire dont trois marqués par Ryan Poehling, le nouveau venu du Canadien, qui disputait son premier match dans la LNH.
Puis, les soixante minutes initiales n'ayant pas réussi à couronner un gagnant, M. Cole a dû effectuer du temps supplémentaire. Et même là, ce ne fut pas suffisant puisque, pour déterminer le vainqueur de cette rencontre endiablée, il a fallu aller jusqu'en fusillade où un but de Ryan Poehling, encore lui, est venu fermer les livres. Comme il aurait sûrement dit si on l'avait interrogé après la rencontre : c'est dur de trouver mieux pour terminer!
Écoutez-le décrire le but en fusillade de la nouvelle coqueluche du CH :
Durant la troisième période, le Canadien a d'ailleurs fait une pause afin de souligner son départ. M. Cole a alors fait l'objet d'une ovation bien sentie de la part de tous les spectateurs présents ainsi que des joueurs et entraîneurs des deux équipes. Un moment fort émouvant!
Que fera donc le légendaire commentateur maintenant que l'heure de la retraite est, hélas, arrivée?
Et c'est exactement ce qu'il a fait!
Bonne retraite, M. Cole!
Source: La Presse
Bob Cole, pour la dernière fois